Chronique - Vous parler de ça, où quand seuls les mots peuvent vous sauver

Auteur : Laurie Halse Anderson

Edition : La belle colère 

Genre : Drame

Ma note : ♥♥♥♥♥









 

Résumé : Melinda Sordino ne trouve plus les mots. Ou plus exactement, ils s'étranglent avant d'atteindre ses lèvres. Sa gorge se visse dans l'étau d'un secret et il ne lui reste que ces pages pour vous parler de ça. Se coupant du monde, elle se voit repoussée progressivement par les élèves, les professeurs, ses amis, et même ses parents. Elle fait l'expérience intime de la plus grande des injustices: devenir un paria parce que ceux donc elle aurait tant besoin pensent que le mal-être, c'est trop compliqué, contagieux, pas fun. Melinda va livrer une longue et courageuse bataille, contre la peur, le rejet, contre elle-même et le monstre qui rôde dans les couloirs du lycée.

 

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Des mois après ma lecture et mon visionnage de la série 13 Reasons Why (dont vous pouvez retrouver ma critique juste ici ), j'ai décidé de replonger dans une oeuvre portée sur le même sujet, toujours aussi douloureux et d'actualité. En effet j'ai été extrêmement surprise d'apprendre la date de sortie du roman de Laurie Halse Anderson : 1999 (et pour ceux que cela intéresserait, un film est même sorti en 2004).

 

En effet, on comprend très vite la teneur de l'intrigue. Melina adolescente jusque là épanouie et mordant la vie à pleine dent change radicalement au petit matin d'une soirée lycéenne bien trop alcoolisée... Ainsi on devine presque immédiatement ce qui se cache derrière ce fameux "ça", un monstre ayant fracassé l'esprit et le corps d'une jeune fille de seulement 13 ans.

Sans être un coup de coeur, Vous parlez de ça reste donc une lecture émouvante. Témoignage de la violence de notre société, comment rester insensible face à la douleur de cette jeune fille, victime de son innocence dans ce monde brutal et trop souvent répugnant? 

Ce roman par son écriture et la tournure que prend son intrigue d'un point de vue notamment psychologique se révèle addictif. Je l'ai personnellement lu d'une traite. L'auteure maîtrise l'art d'accrocher son lecteur et les chapitres sont très courts, apportant toujours quelque chose à l'intrigue et à compréhension des caractères des protagonistes.

Malheureusement, je n'ai pas autant accroché au personnage de Melinda que je l'aurais souhaité. Extrêmement introvertie, la jeune femme est très complexe et se réfugie dans une carapace d'ironie et de pessimisme depuis cette nuit du viol. Mais absolument personne ne peut le lui reprocher... Quand aux autres lycéennes, elles ne sont d'aucun intérêt si ce n'est celui d'accentuer la colère du lecteur face à cette société lycéenne lamentable. Ce que n'arrangent pas les parents de Melinda, tout aussi coupables que ses "camarades". Cependant au fil des pages, l'adolescente s'ouvre peu à peu à son lecteur en même temps qu'à son étrange professeur d'art, Mr Freeman (loufoque, lunatique, proche de ses élèves, bref un peu cliché mais toujours agréable à découvrir).

J'aurais cependant réellement apprécié assister à l'épanouissement de Melinda (ce que la fin du roman ne permet pas) et  suivre son rétablissement lorsqu'enfin les mots se sont échappés. Car n'est-ce pas là tout l'enjeu, oser  s'exprimer, librement et sans aucune peur? Mais comment le faire sans aucun soutien, même de la part de ses proches?

 

C'est ainsi que j'ai vécu ce roman, tel un appel à l'aide silencieux, un cri de désespoir emprisonné dans des souvenirs atroces. Melinda est devenue une proie qui ne peut s'échapper d'une société dont les tords sont malheureusement intemporels. On ne peut que être touché par son histoire, son combat de tous les jours, avec les autres mais avant tout avec elle-même. Oui, Laurie Halse Anderson n'aurait pu mieux remplir sa mission, celle d'émouvoir mais aussi d'indigner.

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Avez-vous déjà lu ce roman? Quelle est votre expérience littéraire sur ce sujet douloureux?

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(tout à fait moi bien sûr)

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